31 mai 2025 : Deux grandes dames corréziennes à la Cour du Roi-Soleil.

Prévu de longue date, ce périple en Haute Corrèze s’est déroulé sur trois communes limitrophes : Lamazière Basse, Palisse et Neuvic d’Ussel. Nombre d’œuvres d’art peu connues méritaient cette visite, retardée du fait des travaux de restauration considérables entrepris dans l’église de Lamazière par la municipalité.

Cette église passe pour avoir été dotée par la duchesse de Fontanges, ce qui a justifié que l’on se penche sur l’étonnante histoire de cet enfant du pays, et qu’on élargisse le sujet à la dame de Penacorn, château tout proche mais hélas ruiné, ainsi qu’à l’endroit même où vécut la famille de Fontanges, le château du Chambon.

Une visite extérieure de l’église de Lamazière, sous la conduite de M. Delbègue, maire de la commune, a permis de réaliser la complexité – et l’urgence- des travaux de restauration de ce très bel édifice, dont le fort riche mobilier a fait la célébrité locale.

Mme de Plas nous a dans la foulée tracé un portrait sensible d’Angelique de Scorailles, duchesse de Fontanges, sans cacher les nombreuses questions que soulève son destin plutôt tragique : son arrivée à la Cour, les jalousies suscitées, sa mort si rapide et l’étonnante disparition de toute documentation directe à son sujet…

Autant dire qu’on ne trouvera pas là de quoi justifier à son intercession l’attribution des remarquables objets mobiliers toujours visibles dans l’église : une chaire, sans conteste la plus belle de tout le Limousin, une table de communion qui la vaut bien, un retable enfin qui, certes déplacé et presque noyé sur le vaste mur d’abside, ne manque pas d’intérêt.

Notre second orateur, Olivier Geneste, docteur en histoire de l’art et grand spécialiste de la sculpture baroque, nous a administré un brillant exposé où fut, non seulement démontée la thèse farfelue d’une création par un mythique sculpteur du roi, Antone Dutheil, mais surtout prouvé par A + B l’identité du véritable concepteur de ces trois pièces maîtresses du mobilier en Limousin. Par comparaison stylistique avec nombre d’œuvres documentées, Olivier Geneste a pu montrer que l’atelier Tournier de Gourdon, qui rayonna de la Guyenne au Limousin, est l’auteur tout à la fois du retable, de la chaire et de la table de Lamazière, probablement autour de 1690, soit bien après la mort de Mme de Fontanges.

Palisse, commune voisine, cache une église tout aussi étonnante que Lamazière : un des seuls clochers murs séparés de l’église en Limousin, le seul à être perpendiculaire à l’édifice ; un portail polylobé. Mme Gautier, maire de la commune, nous en décrit les principales caractéristiques avant que, profitant de la fraîcheur de l’église, Elie de Cosnac nous instruise avec humour sur la vie de la dame de Penacorn, princesse de Gavre et duchesse d’Egmont, née Angélique de Cosnac. Bien différente de la duchesse de Fontanges, moins bien dotée par la nature, mais bien plus par le sens avisé d’un oncle prélat, sa vie, et les circonstances de son mariage, sont révélatrices d’une époque où les choix personnels s’effaçaient devant de savants calculs dynastiques.

La visite intérieure de l’église nous a permis d’admirer notamment une très belle pietà en bois doré, que Olivier Geneste ne manque pas de signaler comme un autre témoignage du talent des Tournier.

Passer devant Penacorn permettait suffisamment de réaliser ce que fut ce château. Nous avons donc poussé jusqu’à la chapelle de Penacorn, où se déroule depuis des lustres un pèlerinage jadis très couru. C’est une construction récente due à la famille d’Ussel. Beatrix d’Ussel nous retrace l’historique de ce lieu et les évolutions du clergé local face à cette manifestation de la piété populaire.

Le château du Chambon fut longtemps fief puis résidence de la famille de Fontanges. Nul doute que la duchesse y vint dans ses premières années. La famille Faroux, qui en a pris la suite après plusieurs autres propriétaires, nous permet une visite d’un lieu qui a bénéficié grâce à elle de restaurations nombreuses et d’autant plus méritoires qu’elles ont été faites par les propriétaires eux-mêmes . La toiture, la chapelle et les terrasses nombreuses qui se succèdent en allant vers le Vianon témoignent de l’implication qu’ils ont mise dans ce travail très considérable, qui s’apparente quasiment à un sauvetage.

La famille Faroux nous a permis de bénéficier de ce cadre pour achever la journée par un pot de clôture sympathique.

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